Anne-Laure

Oct 25, 2016

De Carthagène à Rabat

Nous quittons Carthagène le 15 octobre au soir en direction de Gibraltar. Pas de vent, mais il faut partir...

Première nuit sans encombre, on file droit vers le Sud Ouest, passer le Cabo de Gata. Les cargos le contourne loin de nous, c'est plutôt pratique, on n'a pas à trop se poser de questions quand on voit des lumières.

On va tous à Gibraltar.

Joie à bord de retrouver la mer après 10 jours au port.

Le dimanche, comme nous en avons pris l'habitude quand nous sommes en mer, nous faisons notre petite "messe" à bord au coucher du soleil, soit chants, textes du jour, et on confie notre famille et nos intentions à Notre Père et à la Sainte Vierge. Et si les dauphins s'en mêlent...

Les légendes des photos s'affichent en cliquant dessus.

Cette Mer d'Alboran (entre la côte sud espagnole et l'Algérie) nous comble de dauphins, le jour, la nuit, tous les jours, toutes les nuits (cf l'article Interlude). Cette journée du 17, au large de Màlaga, Xavier nous lâche: "Aujourd'hui, c'est ma plus belle vie !"

A Dieu Méditerranée (vidéo)

Nous mettrons 2 nuits, 2 jours à rejoindre le fameux rocher de Gibraltar.

Je suis de quart à l'approche du rocher, la brume est intense. Les yeux rivés sur mon étrave et sur mon radar, on va passer le rocher à 3h du mat, ce n'est pas sérieux. Rien au visuel, seuls des coups de trompes brisent le silence de cette brume super-angoissante. Les dauphins sont toujours là, autour du bateau depuis des heures, mais il faut être tellement concentrée que je ne les entends que respirer. Je bifurque vers la côte pour un mouillage le temps de voir le jour se lever.

D'un coup, le rideau se lève, et droit devant moi, un champ de lumières de cargos. Raaa le stress... Ils sont au mouillage aussi, ouf, je m'écarte plus au nord, je ne suis plus qu'à qq minutes d'une plage où on jetera l'ancre.

Rien de charmant qui donne envie de se baigner, au petit matin, on reprend la route, et puisqu'on y est, allons voir de plus près, et faire un plein d'essence puisque c'est le 'bon plan'. [à Shepphard's Marina - £0,51/L pour le gazole]

Les enfants se marrent à l'idée qu'"on arrive en Angleterre alors que c'est l'Espagne" et demandent au pompiste si on roule à gauche ici, et pourquoi il parle espagnol.

Premier cap (vidéo)

English Fog in Gibraltar (vidéo)

Et pour le clin d'oeil aux copains de Hong-Kong (vidéo)

On a beau avoir passé le cap, ce n'est pas tout. D'ailleurs, même si on ne parle pas du même cap, Moitessier l'exprime parfaitement dans la Longue Route: "Car la géographie du marin n'est pas toujours celle du cartographe pour qui un cap est un cap, avec sa longitude et sa latitude. Pour le marin, un grand cap représente un ensemble à la fois très simple et extrêmement compliqué de cailloux, de courants, de mers déferlantes et de mers belles, de jolies brises et de coups de vent, de joies et de peurs, de fatigues, de rêves, de mains qui font mal, de ventre viede, de minutes merveilleuses et parfois de souffrances. [...] Un grand cap a une âme, avec ses ombres et ses couleurs, très douces, très violentes."

Nous avions décidé de passer le détroit et de nous arrêter à Tarifa avant de vraiment traverser - le nom sonne quelques cloches et nos amis kiteurs nous en ont fait rêver. Et puis surtout après quelques jours de mer et avant de repartir au Maroc, il nous faut du jambon et de l'alcool!

A l'approche, canal 9 de coutume, on nous dit que ce port n'a pas la capacité d'accueillir des plaisanciers! Mais mais... voyez avec le canal 71. Le vent se met à monter, on n'hésite pas, on rentre.... pour se retrouver en zone internationale au bord des ferrys pour Tanger!

THE achat de l'escale, en sus du jamon serrano de 10kg et des réserves d'apéro, fut une splendide défense ronde énorme pour nous éviter d'exploser tous nos pare-battages le long du quai... On sortira peu les enfants parce que c'est quasiment de l'escalade, mais les douaniers et policiers aux frontières nous reconnaissent même en ville! "Aaaah, del velero?" (en fr: ah, vous êtes du voilier?) nous étions bien les seuls à l'avoir tenté.

Arrivée sur Tarifa (vidéo)

Une journée à l'école à Tarifa (vidéo)

Le lendemain, on est quel jour déjà? le 19 me dit mon journal de bord. Allez on traverse. On part par un petit 25 noeuds, on longe le rail jusqu'à son bout les voiles en ciseaux (donc plein vent arrière pour ne pas perdre en cap). Pour ceux qui ne savent pas, c'est chaud chaud chaud comme allure, car il faut rester concentré à la barre pour ne pas empanner (quand la baume passe de l'autre côté sans prévenir et fait mal au bateau, et à la tête de quelqu'un si elle est sur le chemin). Oui oui, j'en parle parce que j'étais à la barre et ça ne m'arrive pas souvent :)

Mais ne nous plaignons pas, enfin du vent! Depuis le début, c'est la deuxième fois au-dessus de 20 noeuds!

Déroulez la toile! (vidéo)

A la fin du rail, cap grand largue tout droit sur Rabat. On est enfin dépatouillés de ce méandre de cargos à la nuit tombée, mais le vent tombe aussi. On sera au moteur jusqu'au bout...

24h plus tard, on s'approche de Rabat, mais une brume poisseuse réclame une personne en vigie permanente avec un coup de trompe toutes les minutes. On frôle au moins 4 ou 5 barques de pêcheurs.

Brume (vidéo)

L'arrivée sur Rabat, à la tombée de la nuit est époustouflante. La ville surgit de la brume, or nous sommes déjà entre les deux digues de l'entrée du fleuve, que nous remonterons sur un mille pour se poser à LA Marina, près des bateaux du roi (de bons promène-coui...ons).

Arrivée sur Rabat (vidéos)